La nicotine intervient dans la régulation des différents métabolismes énergétiques. La prise de poids après un arrêt du tabac est une réalité mais pas une fatalité.
Comprendre la dépendance tabagique :
Au niveau physique : La nicotine est une substance dite psychoactive à fort pouvoir addictif et responsable de la dépendance physique. La nicotine inhalée avec le tabac active les systèmes de récompense et du plaisir au niveau du cerveau. Les shoots répétés de nicotine désensibilisent ces zones et il faut donc de plus en plus de nicotine pour réagir : l'addiction s'installe....
Au niveau comportemental : La consommation de tabac est aussi associée à une dépendance comportementale qui regroupe l'ensemble des habitudes et rituels installés au cours de la consommation de tabac et notamment toutes les situations associées : café, alcool, pause avec les collègues ...
Au niveau psychologique : La dépendance psychologique caractérise le lien que le fumeur tisse avec la cigarette, la place qu'il lui accorde dans sa vie. La consommation de tabac est souvent associée à un moment de plaisir et de détente réèl ou fantasmé. La cigarette peut même avoir un rôle antidépresseur et anxiolytique via la nicotine. Elle peut aussi être un objet social qui peut être vécu comme protecteur dans la relation aux autres ( notion d'écran de fumée).
Tabac et prise de poids :
A l'arrêt du tabac, l'absence brutale de la nicotine entraine une prise de poids car cette substance joue un rôle sur la régulation du métabolisme énergétique et du poids :
La nicotine augmente le métabolisme de base de 10% soit environ de 200 à 300 cal pour un paquet.
Elle modifie le métabolisme lipidique en augmentant la lipolyse, réduit le stockage des graisses et diminue ainsi la sensation de faim.
Elle diminue la sécrétion de l'insuline et par ce biais freine la synthèse des graisses.
Au niveau cérébral, la nicotine influe sur le comportement alimentaire en stimulant le centre de la satiété ayant par ce biais un effet coupe faim. Mais elle diminue aussi les sensations olfactives et gustatives.
A l'arrêt du tabac, pour tout ces effets cités précédemment, on peut observer une augmentation de la sensation de faim, une appétence pour le sucré, voire la survenue d'hypoglycémies, du fait de l'augmentation de la sécrétion d'insuline, ce qui peut favoriser le grignotage sucré, le maintien d'une alimentation grasse et salée, un surinvestissement du plaisir alimentaire entrainant des excès, des compulsions alimentaires et donc une prise de poids rapide et parfois importante !
Mais cette prise de poids n'est pas une fatalité à la condition de se faire accompagner !
D'une part par la substitution nicotinique dont l'intérêt est d'éviter le syndrome de manque et de diminuer les conséquences de l'arrêt brutal de la nicotine d'où l'importance de faire appel à un professionnel formé à la tabacologie.
D'autre part par une adaptation de l'alimentation en consultant un Diététicien/Nutritionniste qui saura repérer les facteurs de risques de la prise de poids comme une alimentation inadaptée en quantité ou en qualité, une utilisation de la cigarette comme coupe faim ...
Pendant le sevrage, le Diététicien/Nutritionniste va accompagner le patient dans sa démarche et l'aider à contrôler le gain pondéral ou à le prévenir.
Chez le patient consultant après une prise de poids consécutive à l'arrêt du tabac, il convient de se rassurer car il est toujours possible de mincir. Dans ce cas, le Diététicien/Nutritionniste devra établir le lien entre le comportement alimentaire actuel et le tabagisme passé ...
En conclusion :
La prise de poids après l'arrêt du tabac n'est pas un mythe, elle est bien réelle. Plus le patient sera soutenu et accompagné, plus son sevrage se déroulera en douceur et sera réussi.
